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Test de 1000xResist

L’histoire se déroule 1000 ans après notre ère. L’humanité a été anéantie par une maladie mystérieuse apportée par une entité extraterrestre appelée « Les Occupants ».

​Les seules survivantes vivent dans un bunker souterrain. Elles sont toutes des clones d’une seule adolescente nommée Iris, qu’elles vénèrent comme la Mère Tout-Puissante.

​Vous incarnez une clone nommée Qui-observe. Votre rôle sacré est d’utiliser une technologie appelée la « Communion » pour plonger dans les souvenirs de la Mère et d’interpréter ses actions passées comme des textes sacrés. Mais lorsque Qui-observe découvre un mensonge au cœur de leur religion, tout bascule.

Le cœur du jeu

​C’est ici que 1000xResist brille intensément. Le jeu n’utilise pas la science-fiction pour fuir la réalité, mais pour la disséquer.

Le jeu est une métaphore de l’expérience de la diaspora asiatique, et plus spécifiquement des turbulences politiques de Hong Kong (notamment les manifestations de 2019). Il explore le sentiment d’être « étranger » chez soi, la perte d’un pays qui change radicalement, et la douleur de quitter sa terre natale.

Les clones portent le poids des souvenirs d’Iris. Le jeu pose la question : sommes-nous définis par les traumatismes de nos parents ? Comment briser un cycle de violence quand il est encodé dans notre ADN ?

La société des clones est une théocratie rigide avec des castes (Qui-répare, Qui-observe, Qui-soigne, etc.). Le jeu montre comment une figure ordinaire (une ado paumée) peut être transformée par le temps et la manipulation politique en une figure divine autoritaire. C’est une critique acerbe de la façon dont l’Histoire est réécrite pour servir le pouvoir.

Au-delà de la politique, c’est une histoire intime sur la complexité d’aimer une figure maternelle qui est à la fois protectrice et destructrice.

Une narration active

Ne vous attendez pas à un jeu d’action frénétique.

La majorité du gameplay consiste à naviguer dans les souvenirs d’Iris (école, maison, métro). Vous marchez, écoutez des conversations et interagissez avec des objets pour « comprendre » le passé.

Watcher possède la capacité de « sauter » d’un point de vue à un autre ou d’avancer/reculer de quelques secondes dans une scène pour voir des choses cachées. C’est simple, mais cela renforce l’idée qu’il y a toujours plusieurs facettes à une vérité.

Entre les plongées mémorielles, vous explorez le bunker futuriste et discutez avec vos sœurs clones. Ces dialogues sont cruciaux (et entièrement doublés).

A noter que le rythme peut sembler lent pour certains.

L’aspect technique

Techniquement, le bilan est contrasté. Le jeu compense une réalisation en retrait (personnages statiques, chutes de framerate) par une direction artistique singulière. Personnellement, j’ai choisi de faire abstraction de ces soucis mineurs tant la force de l’œuvre réside dans son écriture. À ce titre, l’ajout des sous-titres français sur consoles est une bénédiction. Bien que quelques erreurs subsistent, la traduction reste d’une qualité impressionnante pour un jeu aussi verbeux.

8 / 10
1000xResist est un chef-d’œuvre de narration interactive. C’est un jeu exigeant émotionnellement qui ne vous prend pas par la main pour vous expliquer ses thèmes, mais qui vous récompense par une histoire bouleversante sur la mémoire, la résistance et l’amour. Si vous avez aimé l’étrangeté philosophique de Nier: Automata ou la narration de Disco Elysium, ce jeu est indispensable.