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Test de Starlight Legacy

Après avoir conquis les PC avec son univers et son gameplay classique, Starlight Legacy se lance dans l’aventure nomade en débarquant sur Nintendo Switch. Le jeu est développé par le studio Decafesoft et s’impose en proposant une approche old-school, tant par ses graphismes que son gameplay au tour par tour classique. Accrochez-vous, le décollage est imminent !

Un scenario relativement classique

Depuis des siècles, le royaume d’Evaria prospère sous la protection bienveillante de l’Arbre d’Éternité, un colosse végétal sacré qui assure l’équilibre des éléments et la vitalité de ses quatre provinces. Mais cette harmonie est brusquement brisée par un décret royal inattendu : l’interdiction de l’enseignement de la magie.

Cette décision radicale provoque la fureur du peuple du Ciel, dont l’identité est intrinsèquement liée à la magie. Le mécontentement populaire s’intensifie, attisant les braises d’un séparatisme grandissant qui menace de déchirer l’unité du royaume.

Dans ce climat de tensions croissantes, deux guerriers, Ignus et Teryl, se voient confier une mission en apparence banale : livrer une épée commandée par le roi. Ce qui devait être une simple formalité tourne au cauchemar lorsque le cœur d’Evaria est frappé par une attaque mystérieuse et dévastatrice. L’Arbre d’Éternité est flétri, et le royaume plonge dans le chaos.

Leur quête prend alors une tournure dramatique : les deux héros doivent désormais parcourir un monde déchiré par le conflit, affronter d’innombrables périls, et retrouver les reliques Starlight. Ces artefacts anciens sont le seul espoir de restaurer l’Arbre d’Éternité et de sauver Evaria de sa destruction. Leur course contre la montre a commencé.

Starlight Legacy s’ancre clairement dans les codes classiques du JRPG : une quête de reliques, un arbre-monde en péril, et une rébellion contre l’autorité.

Plutôt que de surprendre, les rebondissements de l’intrigue sont souvent prévisibles, annihilant tout suspense. Le scénario est excessivement linéaire, transformant ce qui aurait pu être une épopée riche en une succession de clichés éculés.

Un jeu nostalgique à la sauce Super Nintendo

L’exploration de Starlight Legacy s’inspire clairement des jeux de notre enfance comme les premiers Pokémon, proposant un monde continu où villes et routes s’enchaînent sans coupure, ce qui est appréciable. La progression est marquée par l’obtention de capacités clés – briser des rochers, naviguer sur l’eau avec un radeau, ou survoler les terres avec un tapis volant (ou même un dragon, offrant une vue rappelant le « Mode 7 » des RPG SNES tel que Final Fantasy VI). En théorie, ces outils devraient encourager l’exploration et la découverte de secrets.

Malheureusement, en pratique, le level design se révèle extrêmement balisé et pauvre en surprises. Les secrets sont si peu dissimulés qu’ils sont visibles au premier coup d’œil, ôtant toute satisfaction de la découverte. Les retours en arrière, censés être gratifiants, se transforment vite en longs détours fastidieux, parsemés de zigzags inutiles et de rencontres aléatoires répétitives. L’exploration, qui est le cœur de nombreux classiques, devient ici un processus automatique et peu engageant.

Visuellement, Starlight Legacy opte pour un pixel art 16 bits aux couleurs vibrantes, un style très en vogue dans le renouveau rétro. L’ensemble est cohérent et s’inscrit bien dans une ambiance médiévale-fantastique, mais il peine malheureusement à forger sa propre identité.La ressemblance avec les premiers jeux Pokémon est frappante, voire troublante. Les sprites des personnages masculins, notamment les protagonistes, semblent directement inspirés de modèles comme Régis (le rival), avec seulement des variations mineures (couleur de cheveux, yeux). Certains environnements et éléments visuels renforcent cette impression de « fan game » plutôt que de création originale. Le bestiaire manque cruellement de variété, ce qui contribue à une certaine monotonie visuelle.

Le système de combat, lui, est une copie conforme des premiers Final Fantasy comme on les aime : du tour par tour classique avec des options basiques (attaquer, utiliser un objet, lancer un sort acheté en boutique – un autre clin d’œil rétro). Seule Frida se distingue par une mécanique unique : la capacité d’invoquer les monstres vaincus pour une attaque spéciale. C’est une idée intéressante, mais elle reste isolée.

Ignus et Teryl manquent cruellement de personnalité ludique ; leurs compétences sont presque interchangeables, ce qui rend les combats vite répétitifs. La seule véritable couche stratégique vient du système élémentaire (feu, glace, terre, etc.), qui influence les dégâts et les faiblesses de chaque personnage. Cependant, ce système prometteur est largement sous-exploité. Chaque continent correspond à un biome élémentaire unique, rendant les rencontres et leurs faiblesses tristement prévisibles.

La difficulté repose davantage sur l’augmentation du nombre d’ennemis ou de leurs points de vie que sur de réels défis tactiques. La jauge de Rage, qui offre un boost temporaire, est une option supplémentaire mais ne révolutionne pas un système qui manque de mordant. La progression des personnages est entièrement linéaire : les compétences s’apprennent automatiquement à chaque niveau, et le choix des sorts équipables (limités à quatre par personnage) est la seule touche de personnalisation, bien loin de la flexibilité des systèmes de « jobs » que l’on trouve chez certains concurrents modernes.

L’aventure principale de Starlight Legacy se termine en environ 10 heures, ce qui est relativement court pour un JRPG, même avec un style rétro. Cette brièveté est d’autant plus marquée par un contenu annexe quasi inexistant.

Les quêtes secondaires sont rares, voire absentes, et n’apportent rien de significatif à l’univers ou au développement des personnages. Une fois l’histoire bouclée, il n’y a guère de raison de retourner à Evaria, si ce n’est pour quelques trophées ou la découverte de secrets très discrets.

7 / 10
Starlight Legacy reste un RPG agréable à jouer bien qu’il reste très classique par son gameplay. Si vous êtes nostalgique et souhaitez faire une pause avec un petit RPG rétro, ce jeu est fait pour vous.